Armenian Cinema
Jouvenel y va aussi
Un tronc, deux branches
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Armenian Cinema, Satirical Magazine, de Krikor Keusseyan
Éditeur Mayreni Publishing.
Format : 22 x 29 cm, 248 pages, dont 80 caricatures pleine page en couleurs, jaquette illustrée en couleurs
L'ouvrage a été publié grâce à une contribution du Dolores Zohrab Liebmann Fund, dont la direction du programme de publications est assurée par M. Haigentz
L’ouvrage, bilingue anglais-arménien, grand format de 248 pages et richement illustré, est consacré au magazine créé au Caire en 1925 par Alexander Saraoukhan (1898-1977), un des premiers et plus célèbre dessinateur humoristique et caricaturiste d'Égypte, sous le titre « Հայկական Սինեմա - Պատկերազարդ երգիծաթերթ » (« Le Cinéma arménien, journal satirique illustré »). Rédigé en langue arménienne, il paraît de 1925 à 1926.
Les caricatures portent sur les faits ayant marqué l’histoire arménienne après le génocide de 1915 ; les réfugiés, l’Arménie indépendante puis devenue soviétique et les traités internationaux.
Retenons deux caricatures typiques :
La première intitulée « Ժուվընէլն ալ կ՛երթայ կոր... » (« Jouvenel y va aussi… ») nous montre la Turquie, sous la forme d’une jeune femme – en déshabillé léger mais dotée d’une hache sur sa coiffe – attendant l’arrivée d’un nouveau prétendant ; à ses pieds se trouvent déjà deux cadeaux reçus, des coffres portant l’inscription Syrie et Cilicie, et un panneau derrière elle donne la liste de ses nombreux amants : Pierre Loti, Lénine, Franklin-Bouillon, Claude Farrère, Albert Sarrault, Briand, Général Townsend, tandis qu’une potence se trouve en arrière-plan. Le nouveau prétendant est Henry de Jouvenel, sénateur, ministre sous Poincaré, haut-commissaire de la République française en Syrie et au Liban du 10 novembre 1925 au 23 juin 1926. C'est sous son administration que le Liban sera organisé en république ; il s’avance, un bouquet de fleurs à la main, tandis que la jeune femme murmure « Je pense pouvoir charmer celui-ci également, s’il s’approche un peu.. »
La seconde caricature, intitulée « Մէկ արմատ երկու ուտ » (« Un tronc, deux branches ») oppose deux visions de l’Arménie selon l'appartenance politique : deux hommes sont assis sur une souche : le premier, âgé, avec barbiche, tient à la main un journal intitulé « Յուսաբեր », appartenant à la presse de la Fédération révolutionnaire arménienne Dachnak : il contemple un pays en ruine, en proie à l’incendie, et gémit « Malheur à toi, Arménie » ; le second, bourgeois d’apparence replète, lit « Արեւ », du Parti libéral démocrate arménien Ramgavar, et s’exclame « Arménie, un pays de délices », à la vue d’une contrée fertile parcourue par un train à vapeur, de bâtiments modernes et de cheminées d’usines en activité.
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Alexander Saroukhan
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Alexander Saroukhan (1898-1977)
Alexander Saroukhan est un illustre caricaturiste arménien et un des fondateurs de l'art de la caricature en Égypte. Né en Géorgie, il suit sa famille de Batoumi à Constantinople, en Turquie. En 1922, il étudie à l'Institut des Arts Graphiques de Vienne, en Autriche, et complète en deux ans le cursus universitaire de quatre années. Il s’installe au Caire en 1924 et publie le magazine satirique « Հայկական Սինեմա - Պատկերազարդ երգիծաթերթ » (Cinema arménien, journal satirique) de 1925 à 1926. Plus tard, il contribue à la populaire revue égyptienne Rose el-Yusuf. Il crée le personnage jovial El Masry Effendi (Le Monsieur égyptien), qui incarne l'opinion publique égyptienne.
Il illustre Ընկեր Փանջունի [Camarade Panchouni], la célèbre œuvre satirique de l'écrivain arménien Yervant Odian. La publication est rapidement considérée comme un chef-d'œuvre. Il illustre également Les honorables mendiants de Hagop Baronian et publie une collection de deux cents dessins liés à la vie sociale et politique arménienne, Menk Mer Agnotsov [Nous avec nos propres lunettes].
Ses œuvres en langue étrangère comprennent Cette Guerre, une sélection de 150 dessins extraits du millier de dessins publiés pendant la Seconde Guerre mondiale, ce qui lui apporte une reconnaissance internationale; L'année politique (1938); Et le magazine français La Caravane (1942-1945).
Saroukhan a reçu de nombreux prix internationaux. Ses caricatures ont également été publiées dans plusieurs journaux internationaux: Punch, Manchester Guardian (Angleterre), Le Rire, Marianne (France) et New York Times (USA).
Saroukhan a été très actif dans le cadre arménien et a également écrit des articles de journaux et des pièces de théâtre, qui ont été mis en scène dans les communautés arméniennes de la diaspora.
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Krikor Keusseyan
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Krikor Keusseyan
Krikor Keusseyan est un éditeur connu, critique d'art, dessinateur et chroniqueur de journaux arméniens. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages sur la littérature, les arts et la vie sociale.
Né à Alexandrette (Iskenderoun), il a vécu au Liban puis, après sept années passées en France, rejoint ses parents aux États-Unis.
Dès 1957, il contribue à plusieurs publications ou fait partie de leur conseil d'administration: le quotidien Zartonk, l'hebdomadaire Spyurk, le mensuel Khosnag, le magazine des arts et la littérature Shirag à Beyrouth et le quotidien Haratch à Paris. Il a publié la correspondance de Chahan Chahnour, en trois volumes, édités et annotés respectivement en 2001, 2004 et 2006.
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