SEDA

2028. Au fond d'un parc, dans le fumoir d'une ambassade assiégée, quelque part en Europe, Ludovic, Victor, James sirotent du sherry. Dix jours qu'ils sont barricadés ici, devisant et veillant une vieille dame...
A l'étage, en effet, Esmy se meurt. La mère de leur ami Tadeusz H., le célèbre compositeur. Qu'y a-t-il dans ses malles ? Quelques photographies. Trois bijoux. Des écrits. C'est ainsi que depuis toujours elle est partie. De partout... De tout temps... Pour nulle part, pour l'exil. Du Caucase vers les plages de la mer Noire, vers Paris, l'espérance...
Et tandis que dehors l'Histoire s'enflamme et que se réveille la barbarie, l'esprit d'Esmy flotte au-dessus d'eux à travers ses écrits. Contes, carnets, érotiques souvenirs qu'on effeuille..

Un livre au titre intriguant "Le Fumoir de l'Ambassade" est paru aux Editions Payot dans la collection "Romans Payot". Pourtant le lecteur n'a pas la sensation de lire un roman, mais plutôt un livre de souvenirs, voire une biographie de l'auteur (Séda, petite-fille d'Archag Djamalian), par elle-même et par ses petits-enfants, enfermés dans une Ambassade en l'an 2028, dans une ville en feu. Séda a voulu construire son oeuvre comme une composition qui pourrait être l'oeuvre de son fils Tadeusz, musicien. Les Arméniens de France, ceux dont les parents viennent d'Arménie russe et de Géorgie en particulier, retrouveront des pans de leurs souvenirs et se reconnaîtront dans la description de la vie de ces réfugiés, pauvres mais vivants comme des riches, tristes et joyeux à la fois, excessifs, dune vitalité peu commune...
Le style de Séda pourra soit rebuter soit au contraire séduire le lecteur qui plongera dans ses chapitres en forme de morceaux musicaux.

France-Arménie