L'auteur | |
Naissance le 24 avril 1920 à Paris (France), décès le 26 août 1997 à Paris (France) De son véritable nom, Kléanthis Tchélébidès. Ami du photographe Robert Doisneau , de l'accordéoniste Jo Privat dont il écrivit la biographie, du lutteur et ouvrier tailleur Tasso Miadès (natif de Constantinople), il aimait le Paris populaire dont il a décrit l'aspect heureux et bon enfant, mais aussi le côté sombre pendant l'occupation allemande (rafle des Juifs, des Arméniens, les nombreux voisins et amis de son enfance à Belleville). Il montrera ces aspects entre autres dans le roman "L'Arménien". Article de Francis Combes, du 27 août 1997. L’entrée de Clément Lépidis dans la carrière des lettres fut assez atypique. C’est à l’âge de quarante-quatre ans qu’il commença à écrire et à publier. La « révélation » lui est venue tard... sur un lit d’hôpital où il s’ennuyait ferme. Un ami qui lui rendait visite lui offrit un livre d’Henri Miller, et lui, qui jusque-là ne lisait guère, découvrit la passion de la littérature. Sa vie en fut bouleversée. Il quitta son foyer, changea de métier et se mit à écrire... En une trentaine d’années, il devait publier près de trente livres dont plusieurs lui valurent reconnaissance et notoriété. On peut citer parmi ses romans "la Rose de Buyukada", paru aux éditions du Seuil et prix des Deux-Magots, "Le Marin de Lesbos", chez le même éditeur, qui reçut le prix populiste, "L’Arménien", qui fut couronné par l’Académie française et la Société des gens de lettres... Il publia aussi des poèmes et de nombreux récits et livres sur Paris, notamment "Le Mal de Paris", avec des photos de Robert Doisneau. Ces dernières années, il était membre du jury du Prix populiste et il fut l’un des fondateurs du Temps des CeRISES. Amoureux du Paris populaire qu’il évoque dans plusieurs de ses livres (dont son roman "Eulalie Moulin" publié par Messidor), il vivait souvent douloureusement les transformations de son quartier bien-aimé. Son oeuvre de romancier touche par sa capacité à restituer la vie de ceux que l’on nomme un peu abusivement les simples gens. Il faut dire qu’à l’image des romanciers américains qu’il aimait tant (et à la différence de toute une tradition littéraire française), avant de se lancer dans l’écriture, Clément Lépidis avait expérimenté trente-six métiers, trente-six misères. Dans l’un de ses tout derniers livres, "Les Tribulations d’un commis voyageur", il raconte les aventures d’un adolescent de Belleville qui lui ressemble comme un frère et qui, pendant l’Occupation, fait ses premières armes comme représentant de commerce, vendeur de lames de rasoir, de brosses à dents et de capotes anglaises. Il fut ainsi lui-même tour à tour représentant en produits de beauté, apprenti cordonnier, fabricant de chaussures, photographe... Et c’est dans cette expérience sociale diverse qu’il a puisé la matière picaresque de ses livres. Fils d’immigré, il a connu le racisme, mais aussi la vie partagée des hommes et des femmes d’origines diverses, le brassage heureux des cultures et l’échange des musiques que font les peuples. Il fut un grand ami de Jo Privat, l’accordéoniste, et un passionné de flamenco. Son oeuvre de titi parisien est largement ouverte sur le sud. Elle restera non seulement comme le témoignage d’un Paris en partie disparu, mais aussi comme une expression de la vitalité de l’esprit populaire qui se transforme et ne meurt pas, et surtout comme une affirmation de la fraternité humaine. |
|