Mars 2016 - Johann Joachim Schröder

Johann Joachim Schröder
Thesaurus linguae armenicae, antiquae et hodiernae,
de Johann Joachim Schröder, publié à Amsterdam en 1711

Ouvrage faisant partie de la collection de livres arméniens anciens de Léon Hatchikian (1907-2003)
Don de ses fils Gabriel et Jean-Pierre Hatchikian
 

Johann Joachim SCHRÖDER, né le 6 juillet 1680 à Neukirchen (Knüll, Hesse) et décédé le 19 juillet 1756 à Marbourg (Hesse), est un orientaliste allemand, théologien protestant, bibliothécaire et historien de l'Église.

Fils du marchand Johann Christoph Schröder, échevin, doyen de son église, et de sa femme Judit, elle-même fille du maire de Neukirchen, il entre à l'Université de Marbourg en 1698, après des études secondaires au collège de Hersfeld. Il y étudie la philosophie et la théologie.

Ayant manifesté d'excellentes dispositions pour l'étude des langues orientales, il se rend à Francfort chez Hiob Ludolf auprès de qui il entreprend l'étude de l'éthiopien et de l'arménien. Un voyage d'étude le conduit à l'Université d'Utrecht, où il poursuit des études sous la conduite d'éminents linguistes. Il se rend à Amsterdam, où l'on sait que résidaient deux Arméniens, Thomas Golthanensis et Lukas Nurigianides  (l'archevêque Thomas de Goltham et son neveu Luc Nurigian). C'est avec eux qu'il approfondit sa connaissance de la langue arménienne. Il envisage de se rendre en Orient avec Thomas Golthanensis mais ce dernier, souffrant, doit rester à Amsterdam. Schröder va à Moscou, en attendant son compagnon, et se frotte à la langue, aux coutumes, à la religion russes. Thomas Golthanensis décède à Amsterdam vers 1708. Schröder retourne à Amsterdam en 1709, où il approfondit encore sa connaissance de la langue arménienne pour en composer une grammaire. Grâce au soutien du souverain du Landgraviat de Hesse-Marbourg, il peut se rendre à Londres où il étudie à l'Université de Cambridge et l'Université d’Oxford avec les plus éminents orientalistes anglais.

De retour en Allemagne, il part pour Amsterdam où il publie sa grammaire arménienne en 1711, sous le titre Thesaurus linguae armenicae, antiquae et hodiernae [ Thésaurus de la langue arménienne, ancienne et contemporaine ]. En 1713, il est nommé professeur de langues orientales et d'histoire de l'Église à l'Université de Marbourg ; peu de temps après il devient directeur des antiquités hébraïques et conservateur de la Bibliothèque. Il veille à ce que l'Imprimerie Müller de l'Université de Marbourg dispose des caractères typographiques nécessaires à l'édition de textes en langues orientales.

En 1737, il devient professeur agrégé de théologie et prend la direction du Pædagogium (un internat élitiste pour garçons) de Marbourg, fonctions qu'il conserve jusqu'à son décès.


Tableau de lettres


Texte arménien et traduction en latin

L'œuvre majeure de Schröder reste le Thesaurus linguae armenicae, antiquae et hodiernae, cum varia praxios materia, cujus elenchum sequens pagella exhibet [ Thésaurus de la langue arménienne, ancienne et contemporaine, avec de nombreux exemples pratiques, dont la page suivante donne la liste ], dans lequel il décrit l'histoire et la grammaire de la langue arménienne ancienne, en y adjoignant des extraits de la littérature arménienne, avec la traduction en regard. Cette formulation du titre et du sous-titre est conforme au type classique de ce genre d'ouvrage.
Bien entendu, l'ouvrage est entièrement en latin, la langue scientifique de l'époque... comme le montre la table des matières suivante :

I. Dissertatio de antiquitate, fatis, indole atque usu linguae armenicae.
II. Grammatica & prosodia antique lingua.
III. Confessio Ecclesiae armenicae latine reddita.
IV. Synopsis hodiernae civilis Armenorum linguae.
V. Dialogi tres de sacris, secularibus, & domesticis rebus Armenorum.
VI. Epistolographia, praxis grammatica & indices.

C'est le premier ouvrage occidental d'importance sur la langue arménienne. La grammaire s'ouvre sur un tableau de l'alphabet arménien en différents caractères, y compris des majuscules figurées ; pas d'indication d'éditeur ou d'imprimeur, mais le texte en arménien est réputé avoir été composé par les frères Vanandec'i.

Une indication manuscrite sur la page de titre du volume reçu par la Bibliothèque, S C Malan, laisse supposer que l'ouvrage a été la propriété d'un autre orientaliste, Solomon Caesar Malan.


Le Journal des Sçavans

Dans un texte daté du lundi 4 avril 1712, l'ouvrage est longuement commenté dans le Journal des sçavans pour l'année MDCCXII.

 

 

Cliquer ici pour lire ce texte du Journal des scavans


Solomon Caesar Malan

Solomon Caesar Malan (22 avril 1812 – 25 november 1894) est un prêtre et orientaliste britannique.

Descendant d'une famille française exilée, il nait à Genève où son père, le Dr Henri Abraham César Malan (1787–1864) jouit d'une grande réputation comme prêtre.

Dès son plus jeune âge, il manifeste de remarquables dispositions pour l'étude des langues, et quand il vient en Ecosse comme précepteur dans la famille du Marquis de Tweeddale à l'âge de 18 ans, il a déjà fait des progrès en sanskrit, en arabe et en hébreu. En 1833, il s’inscrit au St Edmund Hall, un des collèges constituant l'Université d'Oxford au Royaume-Uni ; et comme l'anglais lui est presque une langue inconnue, il demande aux examinateurs de l’autoriser à rédiger ses examens en français, allemand, espagnol, italien, latin ou grec, plutôt qu'en anglais, mais cette possibilité lui est refusée…

Après avoir obtenu les bourses Boden, Pusey et Ellerton, il obtient son diplôme en Humanités classiques en 1837. Il se rend en Inde comme chargé d’enseignement classique au Collège Bishop, à Calcutta, et ajoute les fonctions de secrétaire de la branche bengalaise de la Société royale asiatique ; bien que contraint au retour par la maladie en 1840, il a déjà jeté les bases d'une connaissance du tibétain et du chinois.

Après avoir servi diverses paroisses, on lui confie la cure de Broadwindsor, dans le Dorset, qu'il occupe jusqu'en 1886. Pendant toute cette période, il continue d'augmenter ses connaissances linguistiques (il a pu prêcher en géorgien, lors d'une visite à Ninive en 1872 !). Ses traductions de l'arménien, du géorgien et du coptes sont nombreuses.

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