Nouvelle parution

201407 rousseau ramsay

Portrait de Jean-Jacqes Rousseau par le peintre Allan Ramsay

Rousseau (1712-1778) le célèbre philosophe et moraliste social franco-suisse porte le bonnet de fourrure et la veste bordée de fourrure de son costume arménien favori. Ce costume a suscité la curiosité de la société londonienne après l'arrivée de Rousseau en Grande-Bretagne en 1766. Ramsay a choisi un fond sombre qui met l'accent sur la lumière sur le visage et le cou de Rousseau, alors qu’il se tourne vers l'artiste et le spectateur. Les vues révolutionnaires de Rousseau sur la société, l'éducation et la religion lui avaient fait fuir la persécution par les autorités suisses et françaises. Ramsay a peint ce portrait en cadeau pour son ami David Hume, l'hôte de Rousseau à Londres.

Rousseau décida un jour de s’habiller en Arménien. Il déclara : « Et je ne portai plus d’autre habit ». Il était nécessaire d’examiner ce choix vestimentaire décisif à la lumière de l’œuvre, incluant l’expérience vécue et les lectures du philosophe, pour montrer que loin de ressortir au caprice ou à l’utilitaire, loin d’être anecdotique, l’habit arménien s’accorde avec l’univers de pensée de Rousseau. C’est l’habit qu’il habite.

Les différentes dimensions symboliques de l’habit arménien examinées par Chakè Matossian confèrent à ce choix vestimentaire une valeur de signe, éclairant les questions philosophiques et politiques cruciales aux yeux de Rousseau : l’immortalité de l’âme, le commerce entre les hommes. L’habit arménien recouvre le moi physique, imaginaire, musical et spirituel du citoyen de Genève, il lui procure l’aura du mage, l’animalise et le divinise tout à la fois. Seul l’habit arménien aura montré Rousseau dans toute la vérité de sa nature et l’aura désigné comme ce qu’il est : « autre ».

  • « Et je ne portai plus d'autre habit ». Rousseau l'Arménien

  • Editions Droz, Collection Bibliothèque des Lumières
  • 2014
  • 152 pages, couverture illustrée
  • Illustration de couverture : Jacques Cathelin, Jean-Jacques Rousseau en costume d’Arménien, eau-forte et burin, 1763, d’après Maurice-Quentin de La Tour. © BnF, département des estampes et de la photographie.

Chakè Matossian

Chakè Matossian est philosophe, docteur en Théorie de la Communication. Elle a enseigné à l'Université Nouvelle de Lisbonne et est actuellement professeur à l'Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles – Ecole supérieure des arts.

Elle a publié L'Art moderne et la question du sacré (collectif, éd. du Cerf), Restauration, formes de rétablissement (collectif, Anvers 93/Mardaga) ainsi que divers catalogues d’artistes internationaux. Elle a collaboré à de nombreuses revues internationales telles que Traverses (Centre Pompidou), Furor-Revue d'esthétique et de rhétorique (Genève), La Part de l'Œil (Bruxelles), Coloquio/Artes (Fondation Gulbenkian, Lisbonne). Membre de L'Association Internationale des Critiques d'Art (AICA), elle a collaboré au supplément « Midk yev Arvesd » du quotidien Haratch. Elle a organisé le numéro 11 de la revue d’esthétique La Part de l'Œil, consacré aux rapports entre arts visuels et médecine. Elle a publié, aux éditions La Part de l'Œil, les livres Espace public et représentations (1996) et Fils d'Arachné - Les tableaux de Michelet (1998). Son ouvrage Saturne et le Sphinx (Proudhon, Courbet et l’art justicier) est paru à Genève, aux éditions Droz en 2002.

Autres publication : Des Admirables secrets de l'Ararat - Vinci, Dürer, Michel-Ange, sur les traces d'Er et Noé, Bruxelles, La Part de l'OEil, 2009.

Outre différentes conférences sur Michelet données au Collège de France et publiées, elle a dirigé l’ouvrage Art, anatomie, trois siècles d’évolution des représentations du corps, paru en 2007 à Bruxelles, éd. La Part de l’œil. Elle a donné, au Collège de France, en 2007, une conférence sur « L’Ararat comme lieu prophétique de la peinture : Vinci et Dürer » en parallèle à la parution de l’étude « Dürer sur l’Ararat » dans le n° 21-22 de la revue La Part de l’œil.

 

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